Même si le XVIIIème siècle a vu quelques avancées en terme de soins et de médecine, c'est surtout le XIX ème qui a connu une vraie révolution.
Les théories ne manquaient pas au siècle des Lumières mais les progrès de la chimie et la technologie des instruments ne permettaient pas encore de comprendre la plupart des mécanismes biologiques, de sorte que, malgré de nouvelles connaissances et malgré l'Académie Royale de chirurgie fondée par Louis XV en 1731 et qui a permis l'expansion de certaines pratiques chirurgicales, la pratique de la médecine restait, elle, encore assez proche de celle du Moyen-Age. Les premiers essais d'inoculation, les prémices de la vaccination, ont aussi eu lieu à cette époque. Ce qui n'a pas empêché Louis XV de mourir de la petite vérole, alias variole, puisque le procédé ne s'est généralisé qu'ensuite.
La Condamine, qui a rencontré Marie-Angélique et a probablement participé au livre écrit sur elle en 1755, a d'ailleurs beaucoup vanté les mérites de l'inoculation à l'Académie des Sciences.
Quoiqu'il en soit,au XVII ème siècle comme au début du XVIII ème, on avait encore tendance à pratiquer la saignée comme une sorte de remède miracle bien que la pratique ait été très controversée par la suite et qu'elle ait presque disparue en même temps que d'autres connaissances remplaçaient la "théorie des humeurs" en cours depuis l'Antiquité.
On croyait en effet que quatre "humeurs" étaient à l'oeuvre dans le corps humain et qu'on pouvait les rééquilibrer par de la nourriture, des exercices physiques, des purgatifs, des diurétiques ou des saignées.
"De tous les moyens propres à rétablir et à conserver la santé, il n'en est point plus généralement utile qu'un usage et éclairé de la saignée. Mon dessein est de montrer quelles sont les circonstance où une évacuation de sang est nécessaire , et les précautions avec lesquelles on doit l'employer. Ainsi je passerai en revue la plupart des maladies , puisqu'il n'en est peut être aucune où l'on ne puisse avoir occasion de pratiquer la saignée , soit générale , soit locale."
Gaspard Vieusseux - De la saignée, et de son usage dans la plupart des maladies, 1815
Les saignées étaient pratiquées soit à l'aide de sangsues soit à l'aide d'une lancette, petit instrument utilisé pour des incisions.
Jugeant que Marie-Angélique avait "le sang trop sauvage", on a pratiqué de nombreuses saignées sur elle, pour tenter de "calmer ses humeurs", au sens littéral du terme.
Lors des saignées, les quantités de sang prélevées étaient parfois faramineuses et pouvaient être fatales, a fortiori lorsqu'elles étaient abondamment pratiquées sur des femmes enceintes!
Ajoutez à cela que notre héroïne a eu le plus grand mal du monde à se réhabituer à une nourriture cuite et qu'elle avait développé une intolérance au gluten à force d'en être privée, vous comprendrez que les "bonnes" intentions des médecins de l'époque ont bien failli lui coûter la vie.