jeudi 17 janvier 2013

Les règles de la fille sauvage



     On avait déjà fait un petit article sans trop de prétention sur la médecine au XVIII ème siècle et on s'est dit qu'on allait faire une courte série d'articles autour des thèmes médicaux liés à l'histoire de la fille sauvage de Songy.


     Suite à d'intéressantes discussions avec des hommes autour de nous, dont notre cher co-auteur et notre éditeur, Gaëlle et moi nous sommes rendues compte que bien des choses sur le fonctionnement du corps féminin échappait à une grande partie de la gente masculine.


     Pour tout ce qui a trait à la perception de la monstruosité féminine de Marie-Angélique Leblanc et toutes sortes de réflexions passionnantes sur le sujet, je ne saurais que vous recommander très chaudement les écrits de Julia Douthwaite (qui est en plus très sympa puisqu'elle nous a procuré des articles et son ouvrage The willd girl natural man and the monstrer ).
     Une femme forte et indépendante qui ne soit pas une riche noble libertine, cela avait de quoi déstabiliser et effrayer ses contemporains. 
     Parmi les choses qui inquiètent le plus au sujet de l'expression de la féminité, il y a bien sûr les menstruations, les règles, les périodes, les petites affaires, les indispositions, les jours fériés ; on dit aussi avoir ses histoires, ses ourses, ses isabelles,  ses glouches, ses coquelicots, ses ragnagnas, ses lunes, avoir ses parents de montrouge, les Anglais ou les Russes ont débarqué... le ketchup est prêt, traverser la mer Rouge, avoir le berlingot qui saigne et mille autres expressions toutes plus élégantes les unes que les autres.

     Nous nous sommes donc interrogés sur les règles de Marie-Angélique, cette fille sauvage qu'on a décrite comme sanguinaire, qui avait un rapport très particulier au sang, le sang des autres animaux qu'elle a consommé des années pour survivre, le sang de ses veines, ce sang trop sauvage dont on a voulu la purger... Quelle a pu être l'histoire de son sang menstruel?
     Son rapport à ce "sang de vie", opposé au sang qui a essentiellement représenté la mort ou l'agonie.

     Je pense que toute femme en bonne santé a déjà constaté que ce phénomène qui est censé être "réglé comme du papier à musique" peut facilement être chamboulé par tout un tas de facteurs. Mettons bien sûr de côté la grossesse et les raisons pathologiques ou l'intervention d'une pilule particulière.
     Le fait de partir en voyage loin de chez soi, de changer de climat, de subir un stress important, une dépression, un choc psychologique... peut bloquer les menstruations ou au contraire précipiter leur apparition. Ce n'est pas tellement surprenant puisqu'elles sont partie intégrante d'un ensemble complexe  de réactions chimiques et hormonales dans notre corps. Hormones sécrétées par les ovaires et gérées par l'hypothalamus et l'hypophise, dans le cerveau.
     Un chamboulement psychologique ou physique peut modifier la sécrétion de ces hormones, provoquer une augmentation ou une diminution des oestrogènes au profit des hormones du stress (cortisol, vasopressine...) ou des hormones de virilisation comme la testostérone, le corps étant probablement trop occupé à générer ces dernières pour déclencher le fonctionnement cyclique habituel des ovaires.

     
C'est ainsi que l'on rencontre bien plus souvent chez les grandes sportives que chez les autres femmes, particulièrement chez celles qui font beaucoup de musculation et/ou qui ont un taux de graisse anormalement bas, de fréquentes aménorrhées. Le corps se mettrait en quelque sorte "en veille", répondant au taux de gras insuffisant pour assurer une grossesse, évitant une grosse source de fatigue et d'affaiblissement de l'organisme (un déficit en fer et en magnesium est souvent provoqué par l'importante perte de sang) et parce que le corps souffrirait d'un déficit en oestrogènes.
     
Evidemment, nous n'avons aucune mention des menstruations de Marie-Angélique dans les documents d'époque qui témoignent de son existence. Mais ce que l'on sait, c'est qu'elle aurait vécu assez longtemps en forêt pour être devenue si sauvage et capable de développer un corps résistant et d'une force extraordinaire. Son mode de vie devait être encore bien plus difficile physiquement que celui d'une grande sportive et que dire du stress subi lorsque l'on vit dans la forêt, sans cesse soumise à mille danger?
      On peut aussi imaginer qu'elle a traversé des coins dans lesquels de possibles prédateurs comme des loups auraient pu être attirés par l'odeur du sang de deux jeunes filles pubères dormant dans un arbre.

      Si elle s'est vraiment enfui dans la forêt à l'âge de 10 ou 11 ans, comme nous avons choisi de le raconter, il est probable qu'elle n'ait pas eu le temps d'avoir ses règles avant, lorsqu'elle jouissait d'un mode de vie relativement confortable.
     La découverte de ce phénomène a dû être un choc pour elle.

     
Mais je ne vais pas vous spolier la scène, je vous laisse le plaisir de découvrir dans la BD de quelle façon nous avons choisi de traiter ce passage...



Des liens intéressants :

Periods of the savage girl

We've already done an article; without pretention; on the 18th century medicine, and we thought we'd do a little serie on/ and about medical themes tied to the story of the Songy savage girl.

Following several interesting conversations with the men around us, including our beloved co-author and our editor, Gaelle and I have concluded that many things concerning the feminin body are completely lost to men!

For all that may concern the way Marie-Angelique Leblanc and her feminin monstrosity may be perceived, I can only strongly recommend documents and stories written by Julia Douthwaite, (who is by the way a very nice person as she has obtained many edits for us, including her book "The Wild Girl Natural Man and the Monster")

A strong and independant woman, who was not rich, nobel, and/or libertine, had something distabilising and frightening to her contempory citizens.  Among the reasons that upset the most about feminin expression;  there is of course periods, mother nature's gift, menstruations, maniestations, feeling delicate, the curse, Mr. monthly, Lady days, we also say rags, got the painters in, aunty flo, cousin red, riding the coton pony, crimson wave, panty masacre,  closed for business, and a thousand other expressions all more colorful elegant then the one before.

So, we asked ourselves about Mairie-Angelique's periods, this savage child described as blood-thirsty, who had a peculiar relation with blood, the blood of animals she ate to survive, the blood in her veins, her wild blood that they tried to purify.......what could be the story of her monthly blood?
Her relation to "life's blood" opposed to blood which essentialy represents death and agony.

I think that any healthy woman has already noticed that what is supposed to be "as regular as a swiss watch" can very easily be turned around by a whole lot of factors.  Putting aside of course, pregnancy, pathelogical reasons or any type of birth control.
Going on vacation far from home, climatic change, to have an exess of  stress, depression, or phychologic shock..... all of these things can stop, or on the contrary speed-up the arrival of monthly periods.   This isn't really surprising, because menstruation is an intergral part of a complex system of chimic and hormonal reactions in our body.  Hormones secreted by the ovaries and managed by the hypothamus and the hypophis in our brain.
A phycological or physical change can modify the secretion of these hormones, provoking an increase or decrease of oestrogenes and favorising "stress-hormones" (cortisol, vasopressine..etc.) or "agressive" hormones like testosterone; and one's body is too busy controling these invasive hormones to set-off the habituel ovary cycle.

This is also probably why we find more cases of aménorrhée (total absense of periods) among highly athletic women, especially those who do a lot of body-builing and/or toning ; and/or who have a particulary low fat level.  The body kind of goes into "sleep" mode, answering to the lack of fat that is insuffisant for a pregnancy.  This avoids a considerable source of weariness and decline of the body, (iron and magnesium deficit, often follow an important loss of blood.), and because the body suffers from tha lack of oestrogens.
Of course we have no mention of Marie-Angelique's menstruations in any ancient documents concerning her existance.  But, what we do know, is that she survived long enough in the forest to become so savage, therfore, she must have also devellopped ans extra ordinary force.  Her life must have been much more physically difficult than that of a highly trained athlete, and what can we say about stress living in the forest, constantly exposed to a thousand dangers?
We can also imagine that she must have travelled through many places where possible predators (like wolves) would have been attracted by the blood of two young girls sleeping in the trees.

If she really did run away from home around 10 or 11 years old, like we have chosen to tell the story, it is very likely that she did not have her periods before, when she lived a life relatively confortable.
The discovery of this phenomen must have been shocking to her.

But I'm not going to spoil it all for you.  I leave to you the pleasure of discovering in the book how we have decided to deal with this passage............

The links above are in french, but very interesting and in accord to the subjet.



Du sang et des femmes. Histoire médicale de la menstruation à la Belle Époque

Le Sang des femmes - Blog dédié aux menstruations

Explications sur l'aménorrhée




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